Plusieurs études ont mis en évidence l'impact de la publicité en faveur de l'alcool sur les attitudes des jeunes (attentes positives par rapport à la consommation, intentions de boire, etc.) face au produit. Ces travaux ne permettent pas toutefois d'établir l'influence de la promotion de l'alcool sur les comportements d'alcoolisation des jeunes. Pour éclaircir ce point, cinq chercheurs européens ont réalisé une revue de la littérature(1). Ils ont recherché les études longitudinales publiées entre 1990 et 2008, évaluant l'association entre, d'une part, l'exposition à la publicité sur l'alcool dans les médias (télévision, radios, presse, panneaux publicitaires) et/ou la promotion de l'alcool (par exemple le fait de posséder des objets portant le logo ou le nom d'une marque de boisson alcoolisée) et, d'autre part, les comportements déclarés d'alcoolisation, chez des adolescents âgés au plus de 18 ans (ou 21 ans pour les études menées aux États-Unis, afin de prendre en compte l'âge légal d'accès aux boissons alcoolisées dans ce pays).
Treize études répondant aux critères de sélection définis par les auteurs ont été retenues. Ces treize études, qui incluaient au total plus de 38000 jeunes, ont été conduites aux États-Unis (pour dix d'entre elles), en Belgique, en Allemagne et en Nouvelle-Zélande entre 1985 et 2005, avec une durée de suivi variant de 8 à 96 mois. Ces études se sont intéressées à l'initiation à l'alcool chez les adolescents n'en ayant jamais bu au début du suivi et/ou à la consommation d'alcool (fréquence, quantité, épisodes d'alcoolisation importante) parmi les adolescents déjà buveurs à l'inclusion, en fonction de leur exposition à la publicité en faveur de l'alcool. Les données ont été recueillies par autoquestionnaire ou par entretien (en face-à-face, par téléphone ou par ordinateur).
Résultats
Douze des treize études ont conclu à une association significative entre, d'une part, l'exposition à la publicité et, d'autre part, l'initiation de la consommation chez les adolescents non buveurs et une augmentation de la consommation chez les jeunes déjà buveurs. Cette association est de type dose-réponse: plus l'exposition à la publicité est importante, plus la consommation d'alcool est élevée. La treizième étude, dans laquelle la présence d'affichages publicitaires à moins de 450 mètres d'établissements scolaires était quantifiée, a montré un impact de ces messages, non sur les consommations ellesmêmes mais sur les intentions de boire dans le mois suivant. Dans toutes ces études, des facteurs de confusion tels que les données sociodémographiques, la consommation des parents ou des pairs, ont été pris en compte. Ces études longitudinales démontrent donc clairement que, même si elle n'est pas la seule en cause, la publicité en faveur de l'alcool favorise la consommation des jeunes. Des travaux concernant l'impact du marketing pour le tabac et les produits alimentaires auprès de ce public aboutissent d'ailleurs à des conclusions similaires.
1. Anderson P, et al. Impact of alcohol advertising and media exposure on adolescent alcohol use: a systematic review of longitudinal studies. Alcohol Alcohol. Advance Access 2009.
Source: ACTUALITES ALCOOL I N° 44 I AVRIL 2009
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire