Le progres: Pour attirer une nouvelle clientèle, Totem, l'Office du tourisme de l'agglomération stéphanoise, a ciblé une niche très particulière, celle de la communauté homosexuelle internationale.
Un peu partout dans le monde, le tourisme gay et lesbien connaît un formidable essor. Avec des revenus près de trois fois supérieurs à la moyenne, la clientèle homosexuelle est réputée dépensière et consacre une part très importante de son budget aux loisirs, aux voyages, privilégiant le plus souvent les hôtels de luxe. Ce n'est donc pas un hasard si Maison de la France, chargée de la promotion touristique de l'Hexagone à l'étranger, cherche à séduire la clientèle gay et lesbienne. Hier, ce sont dix journalistes, spécialisés dans la presse homosexuelle, venus d'Europe mais également des USA, qui ont fait une halte d'une journée dans l'agglomération stéphanoise, après avoir visité Montpellier et Lyon. « Ce que nous voulons, c'est monter qu'il y a des villes "gay friendly", très ouvertes à la communauté homosexuelle, explique Karine Gourgue, qui accompagnait la délégation de journalistes. L'objectif affiché est bien de développer une offre commerciale par segment et de générer des recettes. » Des journalistes qui ont visiblement été séduits par l'accueil chaleureux des Stéphanois. De là à faire de l'agglomération stéphanoise une destination prisée pour la communauté homosexuelle, il n'y a qu'un pas. Totem, l'Office du tourisme intercommunal, propose même sur son site Internet une page pour un accueil gay friendy sur le territoire stéphanois, avec toutes les bonnes adresses pour boire un verre, manger, dormir, se divertir. En deux mots, accueillir dans les meilleures conditions la communauté homosexuelle. Une stratégie marketing de niche, qui a été développée comme pour n'importe quel type de clientèle, explique-t-on à l'Office du tourisme, qui ne veut pas faire de ségrégation et qui a compris tout l'intérêt de miser sur le tourisme communautaire, au risque peut-être de choquer, alors que l'on ne compte plus aujourd'hui les villes qui lancent leurs brochures touristiques gays et lesbiennes. Mais Saint-Étienne a encore du chemin à faire pour décomplexer les esprits. « Notre clientèle vient de Haute-Loire alors que les Stéphanois préfèrent se retrouver à Lyon, explique Georges, le patron du Zanzi Bar à Saint-Étienne qui accueille une clientèle essentiellement homosexuelle. Ce qu'il faut surtout, c'est ne pas faire de ghettos, développer des établissements gays friendly, c'est-à-dire ouverts à tous et multiplier les animations comme les deux festivals de Saint-Étienne qui donnent désormais à la ville une nouvelle identité. »
Frédéric Paillas
Communauté homo : sortir de l'ombre dans une ville discrète
Pas facile pour les gays de vivre en province, et notamment dans de petites villes ou agglomérations moyennes. Le regard des autres reste lourd.
Et c'est justement pour changer ce regard et pour pouvoir « exister » à Saint-Étienne, sans être obligé de migrer à Lyon, que s'est créé en 2005 - à l'initiative de l'Espace Boris-Vian, des associations Actis et Rando's - un premier festival gay et lesbien « Face à face » basé sur le cinéma. Une ouverture par l'image sur la communauté gay confrontée au jugement des autres, à la réprobation de la religion, aux difficultés de s'insérer dans le monde du travail. Bref à faire partie intégrante de la société.
Ce festival, peu soutenu à l'origine par la municipalité, était une premier pas, à Saint-Étienne, pour sortir de l'ombre, dans une ville où la discrétion reste de mise, et les lieux pour homos toujours aussi rares.
Mais pas facile non plus de maintenir l'équilibre entre « communautarisme » et ouverture aux autres. C'est pour cela qu'en 2006 se créait en parallèle « Autrement gay » rassemblant l'Espace Boris-Vian, les associations Actis et Unis-Cité, pour des rencontres culturelles mêlant tous les publics, afin d'apprendre à vivre ensemble.
Si à Saint-Étienne les choses bougent lentement, elles bougent tout de même. Pour preuve, alors que sont fêtés les dix ans du Pacs, les homos pourront se pacser tout à fait officiellement à la mairie stéphanoise début 2010.
Saint-Etienne 18e ville gay friendly de France
Le classement 2009 de « Têtu », mensuel homosexuel, accorde la 18e place à St-Etienne sur 33 villes de plus de 100 000 habitants. Lyon est la grande gagnante des villes gay friendly, Paris étant hors concours. Sur cinq critères, Saint-Étienne tire son épingle du jeu en vie culturelle (9e), se classe correctement en dynamique associative (15e) et politique municipale (16e) mais a encore des efforts à faire pour les lieux de sociabilité (23e) et la lutte contre l'homophobie (27e).
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